Entretien avec Damien Tartamella

Damien TARTAMELLADamien Tartamella est un chanteur et harmoniciste "parisien". La première fois où je l'ai vu, vers 1995, il participait à un concert de fin de stage au sein de l'école "Le souffle du blues" parainée par Jean-Jacques MILTEAU (suite logique de ses célèbres masterclasses) et tenue par Greg SZLAPCZYNSKI au bien connu café concert parisien nommé UTOPIA.
Damien a même été remplaçant de Greg dans cette école, y compris lors des quelques sessions où j'étais moi-même élève. Y ont été formés des centaines d'harmonicistes (dont les fondateurs d'écoles présentes à Londres et New York). On s'est connu dans ces années là et il m'arrivait de l'approcher de chez lui à chaque fois qu'on se retrouvait ensemble à l'Utop'. Damien est très présent sur les différents grands événements d'harmonicas, aussi en en tant qu'artiste (il a joué plusieurs fois au festival " Harmonicas sur Cher ", aussi aux "Harmonicales" de Condat-sur-Vienne).
Il est reconnu, surtout connu historiquement comme membre du groupe de rock français KWAK, fondé en 2002, qui s'est mis en sommeil (arrêté ?) vers 2012. Le groupe se distinguait par une fusion unique de rock et de la tradition de la chanson française, et a enregistré plusieurs albums tout en réalisant plus de 400 concerts à travers le monde, notamment en France, Belgique, Suisse, Inde et Népal. Damien était le chanteur principal et y jouait de l'harmonica, de la guimbarde, de la scie musicale, contribuant à la signature sonore distinctive de KWAK
.
En plus de ses contributions au groupe, Damien a collaboré avec divers artistes et projets, mettant en valeur son talent à l'harmonica et sa créativité musicale. Il est également impliqué dans des
performances "live" dynamiques et des collaborations multidisciplinaires...
Il prête aussi son harmonica à la série Lucky Luke à venir sur Disney+ et France TV !  

Patrice Rayon > Comment as-tu commencé la musique? Des influences, peut être aussi dans ton entourage proche, familial, copains ?...
Damien Tartamella >
Bonjour, J'ai attrapé ça de manière assez différente de la part de mes deux parents. Mon père est musicien, je l'ai toujours vu composer ses morceaux, recevoir ses amis musiciens et comédiens pour créer ces musiques. Ca avait l'air très amusant et ces chansons me plaisaient beaucoup.
Mais c'est surtout avec ma mère que l'on chantait, comme ça se faisait traditionnellement : à toute occasion. Ballade, vaisselle, voiture, coucher, église. Pour autant On ne m'a jamais " mis à la musique », elle faisait juste partie naturellement du quotidien.

PR > D'où te vient ton intérêt pour l'harmonica ?
DT >
Un pur hasard. Un oncle qui n'en jouait pas vraiment mais qui en avait laissé traîner un pendant des grandes vacances.  J'avais douze ans et j'ai passé tout l'été à jouer avec, ça m'a totalement emballé. Dès la rentrée, mes parents m'ont offert un Spécial 20, le mal était fait.

PR > Tes instruments: Tu chantes, tu joues d'autres instruments comme la guimbarde, la scie musicale quoi encore ? Tu as appris dans quel ordre ?
DT >
Oh, ben t'as fait le tour. On pourrait rajouter quelques percussions basiques, un peu comme tout le monde, 3 accords de guitare, un demi de piano. Et j'adore siffler.
La scie et les guimbardes, c'est des rencontres.
Oldelaf
qui m'a présenté sa scie musicale : J'étais fondu du film Delicatessen et du mythique duo de violoncelle et lame sonore. J'adorais aussi le morceau Les Hurlements de Léo du groupe les VRP qui a un lamiste pour héro.
Pour la guimbarde, c'est le virtuose Wang Li qui en distribuait dans la maison de disque qui s'occupait de nos albums. Avec l'harmonica, ça fait quand même un truc avec les lames en métal qui chantent, un psy devrait s'en mêler.

PR > Pour l'instant tu n'as pas songé à appeler ton groupe " métal hurleur "...attend pour le psy  ! Blague à part, Toots Thielemans était un bon siffleur et j'ai entendu dire à propos de lui que les bons harmonicistes étaient souvent de bons siffleurs.Ça te parle cette comparaison entre harmonica et siffler ?
DT >
Oui, bien sûr ! Les deux se basent sur  la respiration, l'articulation et la joie d'un encombrement minimum. C'est vrai aussi pour la guimbarde que joue Howard Levy ou le beat boxing pratiqué par Moses Concas.

PR > Il y a un de ces "Instruments" qui te parait plus difficile ? (Je pense à la voix par exemple où tu te retrouves un peu à poil, pas caché derrière un instrument)
DT >
T'as mis le doigt dessus. Je ne dirais pas que la voix est "difficile" mais elle est problématique. Chanter, c'est à la fois ce qu'il y a de plus naturel et de plus sensible à une multitude de blocages ou parasitages personnels, sociaux. Les instruments mécaniques y sont nettement moins sujets.
Comme tu dis, on peut se cacher derrière. Quand on chante, on peut aussi se planquer derrière un personnage, ça aide. Mais les chanteurs qui s'en affranchissent sont souvent plus émouvants.

PR > Je me souviens que tu remplaçais Greg au "Souffle du Blues" en tant que professeur après en avoir été l'un des premiers élèves dans les années 90 ?!
DT >
Ah oui, c'était super. Et puis j'étais tellement fier d'avoir la confiance de mon héro.

PR > Puis il y a eu HARPY ! Tu veux en parler ?
DT >
Volontiers. J'adore enseigner et je donne des cours d'harmonica depuis que j'ai 16 ans.
Avec Bako Mikaelian puis Olivier Poumay, on avait ouvert des cours d'harmonica en groupe : Harpy.
 Le truc était ambitieux, on faisait accompagner les cours par des musiciens, on travaillait toujours les accompagnements en plus des parties d'harmonica attendues, les cours étaient enregistrés et rédigés pour que les étudiants les aient en avance...
Bref, c'était finalement tellement chronophage que c'était impossible à faire coexister avec le boulot de musicien. 3 belles années, beaucoup de sueur mais je ne regrette pas du tout.

PR > Hormis le "Souffle du blues", as-tu suivi des stages de musique ?
DT >
Oui. Après les cours de Greg, je suis allé voir Sébastien Charlier. En un cours il m'a appris les overnotes, en trois autres il m'a initié aux rouages de la théorie musicale et m'a donné de quoi bosser pour une vie.
J'ai ensuite suivi le cursus professionnel de l'EDIM
Et depuis, je me forme toujours et régulièrement. A la musique mais aussi à tout ce qui va avec : La scène, l'écriture, l'interprétation...  le management, le droit du travail et tant d'autres délices.

PR > Tu règles tes harmonicas ?
DT >
Oui. Un tout petit peu de gapping et puis c'est tout. Mais de moins en moins, les harmonicas sont de mieux en mieux réglés out of the box.

PR > Tu joues seulement du diatonique côté harmonica, d'autres modèles ?
DT > Je gambade de temps à autre sur un chroma mais pas du tout sérieusement.
Par contre, j'aime beaucoup les trémolos et me régale sur les accordages mineurs harmoniques.

PR > Tu lis le solfège ? Tu utilises des partitions solfège pour l'harmonica ?
DT > Lire, non. Je sais comment le truc fonctionne, je déchiffre quand vraiment j'ai pas d'autre matériel pour un morceau (ce qui arrive une fois par décennie).
Je trouve le travail de l'oreille et de la mémoire beaucoup plus utile et c'est un argument bien pratique quand on a la flemme d'apprendre à lire.

PR > Nombreux sont les artistes musiciens qui avaient une formation scolaire sans rapport avec la musique à l'origine. C'est ton cas ? Tu as travaillé dans d'autres domaines avant de te consacrer à la musique ?
DT >
Presque ! Je suivais des études littéraires avant que la musique me les fasse quitter. Et outre l'application directe dans l'écriture de chansons, la musique et la littérature ont beaucoup d'aspects communs. Rythme, expression, style et ses figures, son, interprétation, scenario...

PR > A part la musique, l'harmonica, tu as des passions, des activités préférées ? D'autres que tu aimerais faire ?
DT >
Plein ! Les arts martiaux, le jardinage, la lecture, l'alcoolisme. Mille métiers m'auraient plu. Ça tombe bien la musique en comprend déjà quelques centaines.

PR > L'alcoolisme ? Jardiner à main nue en potassant les conseils de Michel le jardinier pour cultiver des patates et en faire du whisky comme dans le film " la grande évasion " ?!? Je te sens taquin  ! Tu penses que c'est un danger qui guette plus facilement les artistes, qui t'inquiète ?
DT >
C'était, bien sûr, une plaisanterie... mais j'oubliais qu'on ne te la fait pas.
On sait tous comme l'alcool (et autres substances) peuvent être dramatiquement piègeux.
 Je suis d'avantage vigilant qu'inquiet. Notre métier est intimement lié à la fête et je l'adore.
 Et celui qui a pondu le slogan : " sans alcool, la fête est plus folle " devait  être un sacré boute-en-train !

PR > Vas-tu souvent dans des événements autour de l'harmonica, y compris hors de France, sans y être forcément invité pour jouer ? Ca te tente ?
DT >
Oui, j'adore aller écouter ce que jouent les collègues (en dehors de France je ne crois être allé qu'à Harmo'Liège). Harmonicas-sur-Cher reste le festival où j'aurais passé les meilleurs moments. Il me manque ! Cette année je suis allé découvrir de l'Hers sur les Anches, c'était vraiment super. Une programmation aussi variée que délicieuse, vivement le week-end de l'Ascension.


PR > As-tu souvent été en contacts avec " Harmonica de France " ou d'autres associations locales ? Avec des anciens ?
DT >
Les anciens, on les croise heureusement  dans tous les coups, surtout avec l'harmonica. Je prétends d'ailleurs en être un, non ?
Je connais Harmonica de France depuis longtemps mais je n'ai pas eu l'occasion d'aller à leurs rencontres depuis des lustres, je vais caser ça dans mon agenda.

PR > Tu as voyagé je crois, je me souviens d'une super vidéo en Inde où vous étiez considérés comme des "Rock stars" avec Kwak ?!
DT >
Ah oui, on a fait trois tournées en Inde avec Kwak. Quand on est dans un pays où personne ne te connait, il suffit que la communication t'annonce comme " star " pour que tu le deviennes. Et les indiens adorent adorer, ça a très bien pris, c'était ébouriffant !

Outre les pays limitrophes ou pas trop loin, J'ai un super souvenir d'une tournée caribéenne avec le pianiste guyanais Xavier Harry. Jouer des biguines avec harmonica et steel drums dans des fêtes à haute température, c'était magique.

PR > Que penses tu avoir tiré de ces voyages ?
DT >
Ce qu'on tire de tous les voyages autres que touristiques. Beaucoup d'enrichissement à expérimenter d'autres manières de vivre, des choses merveilleuses, d'autres qu'on trouve atroces.
Et d'un point de vue musical, à travers les créations avec les artistes locaux ou de simples jam sessions, ça ouvre très grand les horizons.
Que ce soit en accompagnant des danseuses d'Ahmedabad, des chamans d'Amazonie, ou du rock vaudou du Togo, on ne risque pas de ne plus savoir quoi jouer avec son harmonica.

PR > Quelques expériences dans ces pays, des anecdotes ?
DT >
De quoi écrire quelques bouquins: attaques de macaques, de serpents, de chiens, de bandits (et un ou deux moustiques).
Pour parler harmonicas : Conseil aux harmonicistes, prévoyez beaucoup de ruine-babines de rechange si vous êtes en climat non clément.
Après un concert dans la poussière et la température extrême de Chandigarh, un quatrième de mes crossovers rend l'âme. Mon équipementier avait trouvé judicieux de m'envoyer leurs derniers modèles pour démonstration plutôt que les harmos de rechange dont j'avais vraiment besoin pour cette tournée.
Il m'aura fallu une journée entière avec un tour manager local ultra-compétant pour dégotter enfin des sacoches de Bluesband (le niveau juste en dessous de zéro des harmonicas diatoniques) Je ne dirai plus jamais que ces harmos sont injouablesâ?¦ puisse qu'il aura bien fallu que j'en joue pour terminer cette tournée.

PR > Dans un lieu de résidence à 200km de Paris j'ai vu que vous étiez reconnus en France. Vous avez même eu des problèmes passagèrement avec la marque de Bière du même nom et il semble que ça se soit bien terminé ?!?
DT >
Ah oui ! Kwak est une marque de bière mais aussi un groupe de musique, un patronyme Coréen, un nom commun flamand.
La bière n'a pas apprécié qu'on partage le même nom et nous a mis quelques pressions. Judiciaires, j'entends.
Quelle bêtise quand on sait qu'on aurait pu faire un chouette partenariat vu le nombre de caisses de Kwak qu'on nous faisait trouver dans nos loges ou à la buvette des festivals qui nous recevaient.
Leurs poursuites n'ont jamais abouti.

 

PR > Penses tu que l'avenir pourrait laisser place à des réapparitions du groupe Kwak ?
DT >
Pourquoi pas mais on est tous occupés à nos projets actuels et éparpillés géographiquement. J'avoue qu'on en parle à chaque fois qu'on se croise avec les copains. L'avenir dira

PR > Je ne sais pas si tu veux parler de ton problème d'audition, tu es né avec ? Ce n'est pas trop handicapant ?
DT >
J'en parle sans problème. Je suis né avec une très belle oreille droite qui ne transmet aucun signal au cerveau. Non, c'est d'autant moins handicapant que j'ai toujours entendu comme ça et que la musique semble m'émouvoir autant que tout le monde.
Techniquement, je n'ai pas de différentiel donc pas de stéréo ni autre spatialisation ou localisation du son. Ca peut être dommage mais comme tout handicape, on peut aussi s'en trouver avantagé et développer quelques superpouvoirs en compensation !

PR > Suis tu ce qui se passe dans le monde côté harmonica?
DT >
J'en sais ce que j'ai l'occasion de croiser : Que Stéphane Laidet joue des merveilles à Barcelone, que Charlie Musslewhite s'est mis au service de Ben Harper pendant que Charlie McCoy s'occupait d'Eddy Mitchell.
Ou encore que Fred Yonnet a encore beaucoup de travail avant d'être au niveau technique de Bob Dylan.

PR > J'espère qu'ils apprécieront tous tes compliments . Je crois que Fred nous a montré une belle vitrine sur un ou deux JT France 2 pendant le confinement...
DT >
C'est vrai.  Et des lives " confinés " monstrueux depuis Washington

PR > Tu travailles avec une marque d'harmonicas ?
DT >
Je joue presque exclusivement sur Hohner qui m'endorse depuis mes débuts. Mais depuis l'anecdote indienne que je t'ai décrite plus haut, nous n'avons plus échangé.

PR > Comment tu t'es retrouvé à faire de la musique ta profession ?
DT >
C'était un matin. Je finissais mon lycée et devais réfléchir à mon futur métier. Trouver un truc cool et utile. Ce matin là j'avais le blues devant mon café et puis la radio a envoyé Master Blaster de Stevie. D'un coup la journée est devenue belle et je l'ai traversée avec ce son dans la tête. Tellement cool, tellement utile, j'ai décidé ce jour là que ce serait mon métier.

PR > Avec une belle influence de ce que tu as pu vivre avec ton père qui en vivait peut-être  ?!
DT >
C'est sûr, mais dans un sens comme dans l'autre. Mon père est raisonnable et avec quatre enfants très gourmands, il aura toujours dû garder un métier plus sûr en parallèle.
Moi j'y suis allé avec la témérité et la liberté d'un ado. Je ne le regrette pas mais j'espère qu'avec le temps, le fait que personne ne m'attende à la maison ne deviendra pas une souffrance.

PR > Tu as eu des références prédominantes côté harmonicistes, autre musiciens (groupes etc...) ?
DT >
Mes premiers émois d'harmonica, ce fut avec Supertramp et Noir Désir. Et puis j'ai commencé à apprendre et j'ai découvert JJ Milteau et Greg Zlap. Tant d'autres ont suivi... harmonicistes ou autres.
En essayant de citer à la volée mes " piliers ", je listerais :
La Mano Negra, Francis Cabrel, Louis Armstrong, Massive Attack, Chick Corea, Maxime Le Forestier, Muse, Les VRP, Bourvil, Bobby McFerrin, The Prodigy ...
Mes deux meilleurs moments de  cet été : Sting aux Vieilles Charrues et Zaho de Sagazan à Rock en Scène.

PR > Tu as joué avec plusieurs groupes, accompagné des gens. Tu peux nous raconter ton parcours ?
DT >
Si on met de côté les collaborations éphémères, j'ai commencé avec mon groupe Kwak (de la chanson, du rock, de la fête).
J'ai aussi pris le relais de Michel Herblin en accompagnant Nicolas Bacchus (Chanson, poésie, provoc et humour).
Dans le même style, une douzaine d'année avec le Lucas Rocher Trio
.
Ou encore Xavier Harry (Jazz Créole), Rose Carbone (Celte), Kaori (chanson Calédonie)
Et puis plus ou moins brièvement Oldelaf, Tryo, Victor Démé, l'Orchestre PasdeloupLady Apoc,...

Et puis mon nouveau bébé, Pie Junc , du blues (enfin !) depuis un an.

PR > Tu donnes toujours des cours d'harmonica, en physique pas via Internet ?
DT >
Oui, j'aime toujours beaucoup enseigner. Après Harpy, je garde quatre élèves maximum (en présentiel)

PR > Tu as des styles de musique préférés ?
DT >
Vraiment pas, je mange de tout. Ce qui est probablement symptomatique d'un grave manque de personnalité.
Je me suis quand même aperçu que les musiques premières, traditionnelles voire sauvages comme la hard tech ou la jungle me font facilement grimper au rideau.
Par exemple, sur un album comme Totem de Zazie
, c'est "Je suis un Homme" qui me fiche les poils.

PR > Ce que tu supposes être un grave manque de personnalité (certainement comme une blague) est plutôt symptomatique d'un bel esprit d'ouverture : une belle opportunité d'enrichir ton vocabulaire, d'avoir plus de deux mots pour t'exprimer, proposer des histoires non formatées entendues mille et une fois tu ne crois pas ?
DT >
En fait oui, c'est une chance, surtout quand on joue de l'harmonica diatonique. Ca m'a obligé à beaucoup explorer l'instrument pour jouer dans tous ces styles qui me plaisent. Et professionnellement, le fait d'évoluer en dehors du diato " main stream " m'a permis de miser sur ma singularité.

PR > On est souvent tenté de classer ou cantonner les musiciens dans des styles... Et toi ?
DT >
Disons que c'est pratique d'avoir une identification simple et claire pour des raisons de vente et de communication.
Dans les bacs ou les plateformes de streaming, si l'auditeur veut se trouver au cœur de son centre d'intérêt, c'est aussi utile. Même chose quand on va d'une scène à l'autre dans un festival où on ne connait pas tous les artistes.
Pour mon projet
Pie Junc, c'est un vrai casse-tête : Blues, ça évoque du vintage cool ou du vioque ringard ?
Il faudrait pouvoir préciser que c'est "d'inspiration pré-blues, gospel et chant de travail, volontiers folk ou rock avec des touche de New Orleans voire de mento "
Du coup ça tient pas sur une affiche et ça fait suer les journalistes

PR > Que penses-tu des forums et listes de diffusion d'harmonica sur Internet ?  L'évolution des biais de communication ?
DT >
J'ai beaucoup aimé les suivre et y participer à l'époque d'harmonicaland, harmonica-life ou encore le forum de Paul Lassey. Bref, il y a bien longtemps.
Avec l'arrivée des réseaux sociaux, la donne a tout à fait changé, tout s'est éparpillé, on a perdu beaucoup de profondeur de contenu et je m'en suis éloigné. Tu m'en conseillerais un ?

PR > Malheureusement je suis totalement de ton avis, mais je crois qu'on en reviendra, comme l'histoire du repassage du CD au Vynil... Il est urgent de laisser les champions de la lucarne réaliser cette constatation d'éparpillement et de ne SURTOUT pas laisser tomber les forums... c'est à dire continuer d'y faire un tour, d'en parler et d'y réagir. Je ne m'étends pas trop car je veux profiter qu'on parle de toi dans cet entretien, mais ceux que je recommande (dont celui de Paul) sont toujours pointés sur le site harmonicacontact.com. La plupart de ceux dont tu as parlé ont disparus, quant à harmonicaland dont je m'occupais, je n'ai rien pu faire pour le sauver quand Yahoo a été vendu, même pas préserver ses archives (les archives sont aussi précieuses sur les forums). Ne te prive pas de réagir à ce que je viens de te répondre si tu le souhaites...
DT >
Vive les forums ! je viens de tenter une connexion à Diato, c'est un échec.  Je me suis consolé en parcourant harmonicacontact du coup ^^

PR > Quand tu vivais à Laval, tu as repéré des choses sympas autour de l'harmonica, des harmonicistes environnants ? (Je t'ai vu jouer dans deux festivals proches de chez moi: Les framboisik à Valframbert et scène de foin à Courcité ...).
DT >
Pas directement. Laval est une ville très dynamique culturellement, j'y ai vu jouer de nombreux harmonicistes de passage. Moi-même au final, j'y ai joué plus souvent quand je n'y vivais pas !

PR >  J'ai vu que tu accompagnais des artistes souvent proche aussi de la scène du rire. Il y a un côté comédien, conteur dans ton parcours; ça se rejoint peut-être avec le côté musicien, chanteur ?
DT >
Ce sont des arts très complémentaires et reliés par de nombreuses passerelles. Beaucoup de musiciens sont acteurs ou comédiens, beaucoup de pièces de théâtre accueillent des musiciens (Greg Zlap dans Weber à Vif, JJ Milteau dans L'Or).
La scénographie, le rythme d'un spectacle ou d'un sketch, la voix, la gestuelle, la relation au public... autant de savoir-faire que nous avons en commun avec le théâtre.
Je conseille à tout le monde d'aller voir Eric Frerejacques, il illustre superbement tout ce que je viens de dire.

PR > Tu n'as pas participé activement à des choses du côté de la scène du rire, la télé ?
DT >
La scène du rire, oui, principalement avec le Lucas Rocher Trio. Nous passions notre temps sur les planches des cabarets et plateaux de stand-up comme le Don Camilo de St Germain ou les théâtres Trévise, des Deux ânes, de la Reine Blanche

Et puis nous avons eu pour producteur un humoriste célèbre mais il s'est avéré être un voyou et donc je n'en parlerai pas d'avantage.
La télé au sens strict, seulement dans le cadre de la promotion.
Au sens plus large, on s'est beaucoup amusé à tourner des web séries avec Max Bird, Fabien Olicard ou Oldelaf.
Mon plus beau trophée, ça restera un concert des Kwak retransmis en direct et en prime time sur la télé nationale Népalaise

PR > Selon toi, qu'est-ce qui peut pousser quelqu'un à faire un métier artistique ?
DT >
Tout. A part l'appât du gain (et encore, on n'est jamais à l'abri d'une bonne surprise).
Certains envisagent leur vie professionnelle en se demandant comment " gagner sa vie ". Barefoot Iano me disait : " La vie, on l'a : inutile de s'occuper de la gagner ".
Alors jouer, faire de belles choses avec des gens qu'on aime pour apporter du bonheur, c'est plutôt une bonne manière de s'occuper à mon sens.

PR > Tu as fais ou participé à combien de CD ou albums ?
DT > Sûrement un peu plus d'une centaine. Ça peut paraître beaucoup mais quand on divise par 30 ans de métier, c'est pas tant.
Et puis souvent sur un album, on joue un morceau seulement parce qu'un réalisateur l'a imaginé comme ça. C'est le lot des instruments " rares ".
Cette année, j'ai vu sortir, avec mes harmos dedans, les albums et EP de Els'y, Lionnel Langlais, Kaori
... et le mien, Ride the Tiger by Pie Junc  

PR > 30 ans déjà ?!?? Mais tu as commencé à quel âge ?
DT > J'avais 15 ans et les cheveux longs quand on a sorti notre 1ère cassette. Le groupe s'appelait Doodlebug

PR > Tu fais du studio ?
DT >
Oui, ça fait partie du métier. Même les musiciens qui se concentrent seulement sur le spectacle ont toujours besoin de fixer leur musique au propre ne serai-ce que pour leur communication.

PR > Que penses tu de l'évolution de l'harmonica en tant que instrument et aussi des techniques de jeu... par exemple l'engouement pour les overnotes au diatonique...
DT >
L'harmonica est miraculeux quand on voit qu'on a la chance de pouvoir encore inventer des manières de jouer que les ancêtres n'avaient pas imaginées.
Les overnotes et donc l'accès aux chromatismes sur diato sont devenus une manière normale de jouer. Et on peut aussi faire des merveilles en ne les jouant pas.
Chacun fait (X3) ce qui lui plait (X3) comme disait le philosophe.

PR > T'intéresses tu beaucoup à tout ce qui est effets, amplis, micros? Tu veux bien nous dire ce que tu utilises habituellement comme matériel ?
DT >
Beaucoup, c'est beaucoup dire. Je suis loin d'être un geek mais quand on a le son pour matière première, il faut bien sûr le soigner.
J'utilise donc principalement de bons ingénieurs du son, autant laisser aux gens compétents ce qui doit être bien fait. Que ce soit en studio ou pour un spectacle, on voit ensemble, on teste différentes configurations.
Actuellement, avec
Pie Junc, je résumerais comme ça :
Micro Shure Bêta 58- Overdrive Ibanez TS2 Tube Screamer- reverb Electro Harmonix Holy Grail nano- delay Boss Digital Delay DD-3- DI BSS Audio AR-133 Active DI Box

PR > Je n'ai pas rebondi de suite sur Pie Junc plus haut, mais ça sonne un peu comme ton projet phare en ce moment, dont d'autres harmonicistes m'ont parlé quand je demandais de tes nouvelles ? Tu peux me dire comme c'est arrivé, nous en dire plus sur Pie Junc ?
DT >
Oui, c'est clairement mon nouveau "bébé"  et il ne fait pas encore ses nuits.
Je me suis aperçu que les idées de textes et de musique que j'accumule dans mes cahiers étaient devenus tout à fait blues : J'ai donc monté un groupe de blues (pas bête, hein ?).
Je me suis mis à écrire en anglais, j'ai réuni une équipe que j'adore et on a monté un spectacle qui va des chants de travail au rock'n roll en passant par toutes les couleurs qui nous plaisent.
Notre premier EP Ride the Tiger vient de sortir sur les plateformes, hésite pas à me dire que tu l'aimes
https://linktr.ee/piejunc

PR > Tu as d'autres projets en cours en parallèle ? Pas forcément liés à l'harmonica...
DT >
Je suis très concentré sur les débuts de Pie Junc et on a l'EP tout neuf à porter.
Mais je prépare aussi un projet de "chansons de bouge" paillardes et poétique à gueuler au fond des bars quand les enfants sont couchés.
En dehors de l'harmonica ?... Es-tu sûr qu'il y ait un monde en dehors de l'harmonica ?

PR > Autre chose dont tu voudrais parler ?
DT >
Le monde va mal. Mais tout va aller mieux puisque les Mountain Men sont revenus !!

PR > C'est ce qui m'a amené à te reparler de Kwak plus haut, suspense peut être ?
DT >
C’est un secret mais il nous arrive de jouer à nouveau  au hasard d’un événement ou un autre. Mais on garde ça confidentiel. Certains prétendent nous avoir entendu dans un pub de Cachan au début du printemps, d’autres affirment qu’il se passera quelque chose pas loin de Redon cet été… Faut-il les croire ?

Références sur Internet

Damien sur Youtube: (la play list de presque  toutes les vidéos où il joue)

https://www.youtube.com/playlist?list=PLL2UThOdW0FB0_PTn0AtSMAXxpWuaSeVG

Pie Junc: https://www.instagram.com/pie_junc/

Kwak:

https://kwak.bandcamp.com/

https://www.facebook.com/kwaklegroupe

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