Patrice Rayon > Comment as-tu commencé la musique? Des
influences, peut être aussi dans ton entourage proche, familial,
copains ?...
Damien Tartamella >
Bonjour, J'ai attrapé ça de manière assez différente de la part de mes
deux parents. Mon père est musicien, je l'ai toujours vu composer ses
morceaux, recevoir ses amis musiciens et comédiens pour créer ces
musiques. Ca avait l'air très amusant et ces chansons me plaisaient
beaucoup.
Mais c'est surtout avec ma mère que l'on chantait, comme ça se faisait
traditionnellement : à toute occasion. Ballade, vaisselle, voiture,
coucher, église. Pour autant On ne m'a jamais " mis à la musique »,
elle faisait juste partie naturellement du quotidien.
PR > D'où te vient ton intérêt pour
l'harmonica ?
DT >
Un pur
hasard. Un oncle qui n'en jouait pas vraiment mais qui en avait laissé
traîner
un pendant des grandes vacances. J'avais
douze ans et j'ai passé tout l'été à jouer avec, ça m'a totalement
emballé. Dès
la rentrée, mes parents m'ont offert un Spécial 20, le mal était fait.
PR > Tes instruments: Tu chantes, tu joues
d'autres instruments comme la guimbarde, la scie musicale quoi
encore ?
Tu as appris dans quel ordre ?
DT >
Oh, ben t'as fait le tour. On pourrait rajouter quelques percussions
basiques, un peu comme tout le monde, 3 accords de guitare, un demi de
piano. Et j'adore siffler.
La scie et les guimbardes, c'est des rencontres.
Oldelaf
qui m'a présenté sa
scie musicale : J'étais fondu du film Delicatessen et du mythique
duo
de violoncelle et lame sonore
.
J'adorais aussi le morceau Les
Hurlements de Léo du groupe les VRP
qui a un lamiste pour héro.
Pour la guimbarde, c'est le virtuose Wang
Li qui en distribuait dans la
maison de disque qui s'occupait de
nos albums. Avec l'harmonica, ça fait quand même un truc avec les lames
en métal qui chantent, un psy devrait s'en mêler.
PR > Pour l'instant tu n'as pas songé à
appeler ton groupe " métal hurleur "...attend pour le psy
! Blague à part, Toots Thielemans était un bon siffleur et j'ai entendu
dire à propos de lui que les bons harmonicistes étaient souvent de bons
siffleurs.Ça te parle cette comparaison entre harmonica et siffler
?
DT >
Oui, bien sûr ! Les deux se basent sur la respiration,
l'articulation et la joie d'un encombrement minimum. C'est vrai aussi
pour la guimbarde que joue Howard Levy ou le beat boxing pratiqué par
Moses Concas.
PR > Il y a un de ces "Instruments" qui te
parait plus difficile ? (Je pense à la voix par exemple où tu te
retrouves un peu à poil, pas caché derrière un instrument)
DT >
T'as mis le doigt dessus. Je ne dirais pas que la voix est "difficile"
mais elle est problématique. Chanter, c'est à la fois ce qu'il y a de
plus naturel et de plus sensible à une multitude de blocages ou
parasitages personnels, sociaux. Les instruments mécaniques y sont
nettement moins sujets.
Comme tu dis, on peut se cacher derrière. Quand on chante, on peut
aussi se planquer derrière un personnage, ça aide. Mais les chanteurs
qui s'en affranchissent sont souvent plus émouvants.
PR > Je me souviens que tu remplaçais Greg
au "Souffle du Blues" en tant que professeur après en avoir été l'un
des premiers élèves dans les années 90 ?!
DT >
Ah oui, c'était super. Et puis j'étais tellement fier d'avoir la
confiance de mon héro.
PR > Puis il y a eu HARPY ! Tu veux en
parler ?
DT >
Volontiers. J'adore enseigner et je donne des cours d'harmonica depuis
que j'ai 16 ans.
Avec
Bako Mikaelian
puis Olivier Poumay
, on avait ouvert des
cours d'harmonica en groupe : Harpy
.
Le truc était ambitieux, on faisait accompagner les cours par des
musiciens, on travaillait toujours les accompagnements en plus des
parties d'harmonica attendues, les cours étaient enregistrés et rédigés
pour que les étudiants les aient en avance...
Bref, c'était finalement tellement chronophage que c'était impossible à
faire coexister avec le boulot de musicien. 3 belles années, beaucoup
de sueur mais je ne regrette pas du tout.
PR > Hormis le "Souffle du blues", as-tu
suivi des stages de musique ?
DT >
Oui. Après les cours de Greg,
je suis allé voir Sébastien Charlier
.
En un cours il m'a appris les overnotes, en trois autres il m'a initié
aux rouages de la théorie musicale et m'a donné de quoi bosser pour une
vie.
J'ai ensuite suivi le cursus professionnel de l'EDIM
Et depuis, je me forme toujours et régulièrement. A la musique mais
aussi à tout ce qui va avec : La scène, l'écriture,
l'interprétation... le management, le droit du travail et tant
d'autres délices.
PR > Tu règles tes harmonicas ?
DT >
Oui. Un tout petit peu de gapping et puis c'est tout. Mais de moins en
moins, les harmonicas sont de mieux en mieux réglés out of the box.
PR > Tu joues seulement du diatonique côté
harmonica, d'autres modèles ?
DT >
Je gambade de temps à autre sur un chroma mais pas du tout sérieusement.
Par contre, j'aime beaucoup les trémolos et me régale sur les
accordages mineurs harmoniques.
PR > Tu lis le solfège ? Tu utilises des
partitions solfège pour l'harmonica ?
DT >
Lire, non. Je sais comment le truc fonctionne, je déchiffre quand
vraiment j'ai pas d'autre matériel pour un morceau (ce qui arrive une
fois par décennie).
Je trouve le travail de l'oreille et de la mémoire beaucoup plus utile
et c'est un argument bien pratique quand on a la flemme d'apprendre à
lire.
PR > Nombreux sont les artistes musiciens
qui avaient une formation scolaire sans rapport avec la musique à
l'origine. C'est ton cas ? Tu as travaillé dans d'autres domaines avant
de te consacrer à la musique ?
DT >
Presque ! Je suivais des études littéraires avant que la musique me les
fasse quitter. Et outre l'application directe dans l'écriture de
chansons, la musique et la littérature ont beaucoup d'aspects communs.
Rythme, expression, style et ses figures, son, interprétation,
scenario...
PR > A part la musique, l'harmonica, tu as
des passions, des activités préférées ? D'autres que tu aimerais faire ?
DT >
Plein ! Les arts martiaux, le jardinage, la lecture, l'alcoolisme.
Mille métiers m'auraient plu. Ça tombe bien la musique en comprend déjà
quelques centaines.
PR > L'alcoolisme ? Jardiner à main nue en
potassant les conseils de Michel le jardinier pour cultiver des patates
et en faire du whisky comme dans le film " la grande évasion " ?!? Je
te sens taquin ! Tu penses que c'est un danger qui
guette plus facilement les artistes, qui t'inquiète ?
DT >
C'était, bien sûr, une plaisanterie... mais j'oubliais qu'on ne te la
fait pas.
On sait tous comme l'alcool (et
autres substances) peuvent être
dramatiquement piègeux.
Je suis d'avantage vigilant qu'inquiet. Notre métier est
intimement lié à la fête et je l'adore.
Et celui qui a pondu le slogan : " sans alcool, la fête est plus
folle " devait être un sacré boute-en-train !
PR > Vas-tu souvent dans des événements
autour de l'harmonica, y compris hors de France, sans y être forcément
invité pour jouer ? Ca te tente ?
DT >
Oui, j'adore aller écouter ce que jouent les collègues (en dehors de
France je ne crois être allé qu'à Harmo'Liège). Harmonicas-sur-Cher
reste le festival où j'aurais passé les meilleurs moments. Il me manque
! Cette année je suis allé découvrir de
l'Hers sur les Anches
, c'était
vraiment super. Une programmation aussi variée que délicieuse, vivement
le week-end de l'Ascension.
PR > As-tu souvent été en contacts avec
" Harmonica de France " ou d'autres associations locales ? Avec des
anciens ?
DT >
Les anciens, on les croise heureusement dans tous les coups,
surtout avec l'harmonica. Je prétends d'ailleurs en être un, non ?
Je connais Harmonica de France depuis longtemps mais je n'ai pas eu
l'occasion d'aller à leurs rencontres depuis des lustres, je vais caser
ça dans mon agenda.
PR > Tu as voyagé je crois, je me souviens
d'une super vidéo en Inde où vous étiez considérés comme des "Rock
stars" avec Kwak ?!
DT >
Ah oui, on a fait trois tournées en Inde avec Kwak. Quand on est dans un pays où
personne ne te connait, il suffit que la communication t'annonce comme
" star " pour que tu le deviennes. Et les indiens adorent adorer, ça a
très bien pris, c'était ébouriffant !
Outre
les pays
limitrophes ou pas trop loin, J'ai un super souvenir
d'une tournée caribéenne avec le pianiste guyanais Xavier Harry. Jouer des
biguines
avec harmonica et steel drums dans des fêtes à haute température,
c'était magique.
PR > Que penses tu avoir tiré de ces
voyages ?
DT >
Ce qu'on tire de tous les voyages autres que touristiques. Beaucoup
d'enrichissement à expérimenter d'autres manières de vivre, des choses
merveilleuses, d'autres qu'on trouve atroces.
Et d'un point de vue musical, à travers les créations avec les artistes
locaux ou de simples jam sessions, ça ouvre très grand les horizons.
Que ce soit en accompagnant des danseuses d'Ahmedabad, des chamans
d'Amazonie, ou du rock vaudou du Togo, on ne risque pas de ne plus
savoir quoi jouer avec son harmonica.
PR > Quelques expériences dans ces pays,
des anecdotes ?
DT >
De quoi écrire quelques bouquins:
attaques de macaques, de serpents, de
chiens, de bandits (et un ou
deux moustiques).
Pour parler harmonicas : Conseil aux harmonicistes, prévoyez beaucoup
de ruine-babines de rechange si vous êtes en climat non clément.
Après un concert dans la poussière et la température extrême de
Chandigarh, un quatrième de mes crossovers rend l'âme. Mon
équipementier avait trouvé judicieux de m'envoyer leurs derniers
modèles pour démonstration plutôt que les harmos de rechange dont
j'avais vraiment besoin pour cette tournée.
Il m'aura fallu une journée entière avec un tour manager local
ultra-compétant pour dégotter enfin des sacoches de Bluesband (le
niveau juste en dessous de zéro des harmonicas diatoniques) Je
ne dirai
plus jamais que ces harmos sont injouablesâ?¦ puisse qu'il aura bien
fallu que j'en joue pour terminer cette tournée.
PR > Dans un lieu de résidence à 200km de
Paris j'ai vu que vous étiez reconnus en France. Vous avez même eu des
problèmes passagèrement avec la marque de Bière du même nom et il
semble que ça se soit bien terminé ?!?
DT >
Ah oui ! Kwak est une marque de bière mais aussi un groupe de musique,
un patronyme Coréen, un nom commun flamand.
La bière n'a pas apprécié qu'on partage le même nom et nous a mis
quelques pressions. Judiciaires, j'entends.
Quelle bêtise quand on sait qu'on aurait pu faire un chouette
partenariat vu le nombre de caisses de Kwak qu'on nous faisait trouver
dans nos loges ou à la buvette des festivals qui nous recevaient.
Leurs poursuites n'ont jamais abouti.
PR > Penses tu que l'avenir pourrait
laisser place à des réapparitions du groupe Kwak ?
DT >
Pourquoi pas mais on est tous occupés à nos projets actuels et
éparpillés géographiquement. J'avoue qu'on en parle à chaque fois qu'on
se croise avec les copains. L'avenir dira
PR > Je ne sais pas si tu veux parler de
ton problème d'audition, tu es né avec ? Ce n'est pas trop handicapant ?
DT >
J'en parle sans problème. Je suis né avec une très belle oreille
droite qui ne transmet aucun signal au cerveau. Non, c'est d'autant
moins handicapant que j'ai toujours entendu comme ça et que la musique
semble m'émouvoir autant que tout le monde.
Techniquement, je n'ai pas de différentiel donc pas de stéréo ni autre
spatialisation ou localisation du son. Ca peut être dommage mais comme
tout handicape, on peut aussi s'en trouver avantagé et développer
quelques superpouvoirs en compensation !
PR > Suis tu ce qui se passe dans le monde
côté harmonica?
DT >
J'en sais ce que j'ai l'occasion de croiser : Que Stéphane Laidet joue des merveilles
à Barcelone, que Charlie Musslewhite
s'est mis au service de Ben Harper
pendant que Charlie McCoy
s'occupait d'Eddy Mitchell
.
Ou encore que Fred Yonnet a
encore beaucoup de travail avant d'être au niveau technique de Bob Dylan
.
PR > J'espère qu'ils apprécieront tous
tes compliments .
Je crois que Fred nous a montré une belle
vitrine sur un ou deux JT
France 2 pendant le confinement...
DT >
C'est vrai. Et des lives " confinés " monstrueux depuis
Washington
PR > Tu travailles avec une marque
d'harmonicas ?
DT >
Je joue presque exclusivement sur Hohner qui m'endorse depuis mes
débuts. Mais depuis l'anecdote indienne que je t'ai décrite plus haut,
nous n'avons plus échangé.
PR > Comment tu t'es retrouvé à faire de
la musique ta profession ?
DT >
C'était un matin. Je finissais mon lycée et devais réfléchir à mon
futur métier. Trouver
un truc cool et utile. Ce matin là j'avais le blues devant mon café et
puis la radio a envoyé
Master Blaster de Stevie. D'un coup la journée est devenue belle et je
l'ai traversée avec ce son
dans la tête. Tellement cool, tellement utile, j'ai décidé ce jour là
que ce serait
mon métier.
PR > Avec une belle influence de ce que tu
as pu vivre avec ton père qui en vivait peut-être ?!
DT >
C'est sûr, mais dans un sens comme dans l'autre. Mon père est
raisonnable et avec quatre enfants très gourmands, il aura toujours dû
garder un métier plus sûr en parallèle.
Moi j'y suis allé avec la témérité et la liberté d'un ado. Je ne le
regrette pas mais j'espère qu'avec le temps, le fait que personne ne
m'attende à la maison ne deviendra pas une souffrance.
PR > Tu as eu des références prédominantes
côté harmonicistes, autre musiciens (groupes etc...) ?
DT >
Mes premiers émois d'harmonica, ce fut avec Supertramp et Noir Désir
. Et puis j'ai
commencé à
apprendre et j'ai découvert JJ Milteau
et Greg Zlap
. Tant d'autres
ont suivi... harmonicistes ou autres.
En essayant de citer à la volée mes " piliers ", je listerais :
La Mano Negra, Francis Cabrel
, Louis Armstrong
, Massive Attack
, Chick Corea
, Maxime Le Forestier
, Muse
, Les VRP
, Bourvil
, Bobby McFerrin
, The Prodigy
...
Mes deux meilleurs moments de cet été : Sting aux Vieilles Charrues
et Zaho de Sagazan
à Rock en Scène.
PR > Tu as joué avec plusieurs groupes,
accompagné des gens. Tu peux nous raconter ton parcours ?
DT >
Si on met de côté les collaborations éphémères, j'ai commencé avec mon
groupe Kwak (de la
chanson, du
rock, de la fête).
J'ai
aussi pris le relais de Michel
Herblin en accompagnant Nicolas
Bacchus
(Chanson, poésie, provoc et
humour).
Dans le même style, une douzaine d'année avec le Lucas Rocher Trio.
Ou encore Xavier Harry (Jazz
Créole), Rose
Carbone (Celte),
Kaori
(chanson Calédonie)
Et puis plus ou moins brièvement Oldelaf,
Tryo
, Victor Démé
, l'Orchestre
Pasdeloup
, Lady Apoc
,...
Et puis mon nouveau bébé, Pie Junc
, du blues (enfin !)
depuis un an.
PR > Tu donnes toujours des cours
d'harmonica, en physique pas via Internet ?
DT >
Oui, j'aime toujours beaucoup enseigner. Après Harpy, je garde quatre
élèves maximum (en présentiel)
PR > Tu as des styles de musique préférés ?
DT >
Vraiment pas, je mange de tout. Ce qui est probablement symptomatique
d'un grave manque de personnalité.
Je me suis quand même aperçu que les musiques premières,
traditionnelles voire sauvages comme la hard tech ou la jungle me font
facilement grimper au rideau.
Par exemple, sur un album comme Totem de Zazie, c'est "Je
suis
un Homme"
qui me
fiche les poils.
PR > Ce que tu supposes être un grave
manque de personnalité (certainement comme une blague) est plutôt
symptomatique d'un bel esprit d'ouverture : une belle opportunité
d'enrichir ton vocabulaire, d'avoir plus de deux mots pour t'exprimer,
proposer des histoires non formatées entendues mille et une fois tu ne
crois pas ?
DT >
En fait oui, c'est une chance, surtout quand on joue de l'harmonica
diatonique. Ca m'a obligé à beaucoup explorer l'instrument pour jouer
dans tous ces styles qui me plaisent. Et professionnellement, le fait
d'évoluer en dehors du diato " main stream " m'a permis de miser sur ma
singularité.
PR > On est souvent tenté de classer ou
cantonner les musiciens dans des styles... Et toi ?
DT >
Disons que c'est pratique d'avoir une identification simple et claire
pour des raisons de vente et de communication.
Dans les bacs ou les plateformes de streaming, si l'auditeur veut se
trouver au cœur de son centre d'intérêt, c'est aussi utile. Même chose
quand on va d'une scène à l'autre dans un festival où on ne connait pas
tous les artistes.
Pour mon projet Pie Junc,
c'est un vrai casse-tête : Blues, ça évoque du vintage cool ou du
vioque ringard ?
Il faudrait pouvoir préciser que c'est "d'inspiration pré-blues,
gospel et chant de travail, volontiers folk ou rock avec des touche de
New Orleans voire de mento "
Du coup ça tient pas sur une affiche et ça fait suer les journalistes
PR > Que penses-tu des forums et listes de
diffusion d'harmonica sur Internet ? L'évolution des biais de
communication ?
DT >
J'ai beaucoup aimé les suivre et y participer à l'époque d'harmonicaland, harmonica-life ou encore le forum de
Paul Lassey. Bref, il y a bien
longtemps.
Avec l'arrivée des réseaux sociaux, la donne a tout à fait changé, tout
s'est éparpillé, on a perdu beaucoup de profondeur de contenu et je
m'en suis éloigné. Tu m'en conseillerais un ?
PR > Malheureusement je suis totalement de
ton avis, mais je crois qu'on en reviendra, comme l'histoire du
repassage du CD au Vynil... Il est urgent de laisser les champions de
la
lucarne réaliser cette constatation d'éparpillement et de ne SURTOUT
pas laisser tomber les forums... c'est à dire continuer d'y faire un
tour, d'en parler et d'y réagir. Je ne m'étends pas trop car je veux
profiter qu'on parle de toi dans cet entretien, mais ceux que je
recommande (dont celui de Paul) sont toujours pointés sur le site
harmonicacontact.com. La plupart de ceux dont tu as parlé ont disparus,
quant à harmonicaland dont je m'occupais, je n'ai rien pu faire pour le
sauver quand Yahoo a été vendu, même pas préserver ses archives (les
archives sont aussi précieuses sur les forums). Ne te prive pas de
réagir à ce que je viens de te répondre si tu le souhaites...
DT >
Vive les forums ! je viens de tenter une connexion à Diato, c'est un
échec. Je me suis consolé en parcourant harmonicacontact du coup
^^
PR > Quand tu vivais à Laval, tu as repéré
des choses sympas autour de l'harmonica, des harmonicistes environnants
? (Je t'ai vu jouer dans deux festivals proches de chez moi: Les
framboisik à Valframbert et scène de foin à Courcité ...).
DT >
Pas directement. Laval est une ville très dynamique culturellement, j'y
ai vu jouer de nombreux harmonicistes de passage. Moi-même au final,
j'y ai joué plus souvent quand je n'y vivais pas !
PR > J'ai vu que tu accompagnais des
artistes souvent proche aussi de la scène du rire. Il y a un côté
comédien, conteur dans ton parcours; ça se rejoint peut-être avec le
côté musicien, chanteur ?
DT >
Ce sont des arts très complémentaires et reliés par de nombreuses
passerelles. Beaucoup de musiciens sont acteurs ou comédiens, beaucoup
de pièces de théâtre accueillent des musiciens (Greg Zlap dans Weber à Vif, JJ Milteau
dans L'Or).
La scénographie, le rythme d'un spectacle ou d'un sketch, la voix, la
gestuelle, la relation au public... autant de savoir-faire que nous
avons
en commun avec le théâtre.
Je conseille à tout le monde d'aller voir Eric Frerejacques, il illustre
superbement tout ce que je viens de dire.
PR > Tu n'as pas participé activement à
des choses du côté de la scène du rire, la télé ?
DT >
La scène du rire, oui, principalement avec le Lucas Rocher Trio. Nous passions
notre temps sur les planches des cabarets et plateaux de stand-up comme
le Don Camilo
de St Germain ou
les théâtres Trévise
, des Deux ânes
, de la Reine Blanche
Et puis nous avons eu pour producteur un humoriste célèbre mais il
s'est avéré être un voyou et donc je n'en parlerai pas d'avantage.
La télé au sens strict, seulement dans le cadre de la promotion.
Au sens plus large, on s'est beaucoup amusé à tourner des web séries
avec Max Bird, Fabien Olicard ou Oldelaf.
Mon plus beau trophée, ça restera un concert des Kwak
retransmis en direct et en
prime time sur la télé nationale Népalaise
PR > Selon toi, qu'est-ce qui peut pousser
quelqu'un à faire un métier artistique ?
DT >
Tout. A part l'appât du gain (et
encore, on n'est jamais à l'abri d'une
bonne surprise).
Certains envisagent leur vie professionnelle en se demandant comment "
gagner sa vie ". Barefoot Iano
me disait : " La vie, on l'a : inutile de s'occuper de la gagner ".
Alors jouer, faire de belles choses avec des gens qu'on aime pour
apporter du bonheur, c'est plutôt une bonne manière de s'occuper à mon
sens.
PR > Tu as fais ou participé à combien de
CD ou albums ?
DT >
Sûrement un peu plus d'une centaine. Ça peut paraître beaucoup mais
quand on divise par 30 ans de métier, c'est pas tant.
Et puis souvent sur un album, on joue un morceau seulement parce qu'un
réalisateur l'a imaginé comme ça. C'est le lot des instruments " rares
".
Cette année, j'ai vu sortir, avec mes harmos dedans, les albums et EP
de Els'y, Lionnel Langlais
, Kaori
... et le mien, Ride the Tiger
by Pie Junc
PR > 30 ans déjà ?!?? Mais tu as commencé
à quel âge ?
DT >
J'avais 15 ans et les cheveux longs quand on a sorti notre 1ère
cassette. Le groupe s'appelait Doodlebug
PR > Tu fais du studio ?
DT >
Oui, ça fait partie du métier. Même les musiciens qui se concentrent
seulement sur le spectacle ont toujours besoin de fixer leur musique au
propre ne serai-ce que pour leur communication.
PR > Que penses tu de l'évolution de
l'harmonica en tant que instrument et aussi des techniques de jeu...
par exemple l'engouement pour les overnotes au diatonique...
DT >
L'harmonica est miraculeux quand on voit qu'on a la chance de pouvoir
encore inventer des manières de jouer que les ancêtres n'avaient pas
imaginées.
Les overnotes et donc l'accès aux chromatismes sur diato sont devenus
une manière normale de jouer. Et on peut aussi faire des merveilles en
ne les jouant pas.
Chacun fait (X3) ce qui lui plait (X3) comme disait le philosophe.
PR > T'intéresses tu beaucoup à tout ce
qui est effets, amplis, micros? Tu veux bien nous dire ce que tu
utilises habituellement comme matériel ?
DT >
Beaucoup, c'est beaucoup dire. Je suis loin d'être un geek mais quand
on a le son pour matière première, il faut bien sûr le soigner.
J'utilise donc principalement de bons ingénieurs du son, autant laisser
aux gens compétents ce qui doit être bien fait. Que ce soit en studio
ou pour un spectacle, on voit ensemble, on teste différentes
configurations.
Actuellement, avec Pie Junc,
je résumerais comme ça :
Micro Shure Bêta 58- Overdrive
Ibanez TS2 Tube Screamer-
reverb Electro Harmonix Holy Grail
nano- delay Boss Digital Delay
DD-3- DI BSS Audio AR-133
Active DI Box
PR > Je n'ai pas rebondi de suite sur Pie
Junc plus haut, mais ça sonne un peu comme ton projet phare en ce
moment, dont d'autres harmonicistes m'ont parlé quand je demandais de
tes nouvelles ? Tu peux me dire comme c'est arrivé, nous en dire plus
sur Pie Junc ?
DT >
Oui, c'est clairement mon nouveau "bébé" et
il ne fait pas encore ses
nuits.
Je me suis aperçu que les idées de textes et de musique que j'accumule
dans mes cahiers étaient devenus tout à fait blues : J'ai donc monté un
groupe de blues (pas bête, hein ?).
Je me suis mis à écrire en anglais, j'ai réuni une équipe que j'adore
et on a monté un spectacle qui va des chants de travail au rock'n roll
en passant par toutes les couleurs qui nous plaisent.
Notre premier EP Ride the Tiger vient de sortir sur les plateformes, hésite pas à me
dire que tu l'aimes
https://linktr.ee/piejunc
PR > Tu as d'autres projets en cours en
parallèle ? Pas forcément liés à l'harmonica...
DT >
Je suis très concentré sur les débuts de Pie Junc et on a l'EP tout neuf à
porter.
Mais je prépare aussi un projet de "chansons de bouge" paillardes et
poétique à gueuler au fond des bars quand les enfants sont couchés.
En dehors de l'harmonica ?... Es-tu sûr qu'il y ait un monde en
dehors de l'harmonica
?
PR > Autre chose dont tu voudrais parler ?
DT >
Le monde va mal. Mais tout va aller mieux puisque les Mountain Men sont revenus !!
PR > C'est ce qui m'a amené à te reparler
de Kwak plus haut, suspense peut être ?
DT >C’est
un secret mais il nous arrive de jouer à nouveau au hasard d’un
événement ou un autre. Mais on garde ça confidentiel. Certains
prétendent nous avoir entendu dans un pub de Cachan au début du
printemps, d’autres affirment qu’il se passera quelque chose pas loin
de Redon cet été… Faut-il les croire ?
Pie Junc: https://www.instagram.com/pie_junc/
Kwak:
https://www.facebook.com/kwaklegroupe
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